Manif Pour Tous : deviendrons-nous prophétiques ou politiques ?

Manif Pour Tous : deviendrons-nous prophétiques ou politiques ?

Un excellent article tiré de Itinérarium. Il y a toujours deux logiques possibles pour soutenir l’action. Comment, non pas les faire coïncider mais éviter qu’elles se coupent l’une de l’autre ?

Manif Pour Tous

Dans le sillage de notre dernière manifestation, se pose la question de son développement. Et deux voies s’offrent à nous. Le témoignage d’une loi plus haute gravée dans la conscience humaine annonce l’avenir possible, celui d’une société basée sur des fondements anthropologiques inaliénables, où la famille constitue le socle de la société. L’attitude prophétique nous nourrit d’espérance dans un combat qui durera trente ans ou plus, un combat pour l’homme, pour la beauté et la vérité de l’amour humain dans toutes ses dimensions.

La lutte politique réalise la vérité prophétique par de « petits mieux », possibles dans les circonstances présentes. Elle nous offre au quotidien de marquer des points, étape après étape. Elle aussi nourrit l’espérance car elle nous fait remporter des petites victoires qui nous empêchent de nous enliser dans une contestation absolue et permanente ou un désespoir hautain.

La politique se fait avec le réel, le possible, avec cette société, ici et maintenant, avec les pesanteurs, les aveuglements et les déficiences de nos contemporains, de nos adversaires, mais aussi les nôtres. Devenir politique, c’est faire avec la pâte humaine telle qu’elle est.

Une bonne politique se réalise par des progrès possibles. La prudence, l’art du discernement dans l’action, est la vertu cardinale de l’homme public. Elle lui permet de mesurer les chances de succès et d’adapter sa stratégie. Il sait que pour obtenir un gain, il n’est pas nécessaire de remporter une victoire complète. Nous rêvions si nous pensions à la victoire immédiate, complète et définitive.

La vérité prophétique n’a que faire de la prudence, car elle tire de la vérité qu’elle contemple sa pureté toute entière. Les prophètes nous rappellent à ce qui doit être. Ils sont hors du monde pour mieux le penser et avertir ceux qui l’affrontent. Nos principes nous donnent un cap. Sans eux, notre politique deviendrait politicienne. Nous n’avancerons plus vers le but, mais nous piétinerons. Les jeux d’alliance altéreront les volontés, les combinaisons empoisonneront les consciences.

L’union entre prophétie et politique fera notre force ; désunis, nous ne pensons plus, ni ne pesons rien ; or il s’agit de penser puis de peser, de rentrer dans la chair de cette société et la transformer comme le levain dans la pâte. La politique peut s’égarer dans le marais des arrangements tactiques, et des choix stratégiques successifs mais la prophétie demeure stérile si elle échoue à s’incarner.

La protestation silencieuse est belle, elle est même magnifique […] Le cri dans le désert est de toute beauté, mais il est vain si Jean-Baptiste renonce à baptiser les pécheurs.